Qui sait aujourd’hui que les premiers cow-boys étaient des Noirs ? À l’aide d’archives magnifiques et de témoignages d’historiens, Cécile Denjean rend leur place originelle aux Afro-Américains dans le récit de la conquête de l’Ouest. Biberonné à la réécriture blanche et politique d’Hollywood, notre inconscient collectif a adopté une version largement faussée de la conquête de l’Ouest, qui n’accorde qu’une place infime aux Afro-Américains. Pourtant, en 1875, un cow-boy sur quatre était noir, et plus de 250 000 Noirs ont combattu durant la guerre de Sécession. Le Far West aura, pour beaucoup d’anciens esclaves, permis une plus grande liberté que les Afro-Américains n’en connaitront durant le siècle suivant. Mais comment deviner que le personnage du Lone Ranger, héros de fiction cher aux histoires populaires américaines, était sans doute inspiré de Bass Reeves, premier shérif noir et pistolero incorruptible, quand les acteurs l’ayant popularisé, en feuilleton ou sur grand écran, étaient blancs ? L’histoire de Reeves mérite pourtant d’être contée, tout comme celle de Britton Johnson. Cet ancien captif, parti à la recherche de sa famille enlevée par les Indiens, inspira à John Ford le rôle confié à… John Wayne, dans La prisonnière du désert, un film pourtant loin du manichéisme des westerns de l’âge d’or d’Hollywood.